Pour notre plus grand bonheur, nos ancêtres par leur choix de faire intervenir des artistes fresquistes et gnomonistes avertis, nous permettent d'admirer aujourd'hui une collection de cadrans solaires peints, tous uniques et que l'on peut sans aucun doute considérer comme des oeuvres d'art remarquables.
Reconnus patrimoine de l'art populaire, beaucoup de ces anciens cadrans solaires ont subi les agressions du temps et certains, plus que d'autres, sont victimes d'un vieillissement plus important de leurs couches picturales, d'une dégradation des enduits qui les composent ou de leur mur support.
La question se pose alors de leur conservation et/ou de leur restauration.
Faut-il laisser le temps agir et petit à petit voir disparaître toutes traces de ces peintures murales ?
Faut-il stopper les effets de leur dégradation en favorisant leur conservation en l'état ?
Faut-il au-delà des actes de conservation entreprendre leur restauration ?
Ces trois questions fondamentales en matière de conservation du patrimoine depuis les réflexions faites à ce propos dès l'Antiquité restent toujours ouvertes.
Les différentes positions prises au sujet des peintures murales au travers des conférences, chartes et conventions internationales de protection du patrimoine nous donnent toutefois des règles d'éthique quant aux démarches tant intellectuelles que pratiques à adopter, à appliquer ou à méditer.

La conservation et la restauration d'un cadran solaire peint, comme n'importe quelle œuvre peinte ancienne nécessite l'intervention d'un professionnel sensible et d'expérience qui saura garder son humilité et "in fine", adhérer aux maximes "S'arrêter à temps" et "Se contenter du minimum" (in "Conserver ou restaurer", Camillo Boito) afin de "ne pas dépouiller l'œuvre des lustres du temps, ni de l'autorité que leur conférait leur durée" (Ibid, Jean-Marc Mandosio). En définitive, l'acte de restaurer devra toujours tendre vers la conservation de l'authenticité de l'œuvre originale.

Matérialité d'une œuvre peinte que l'on peut admirer, plaisir éprouvé ou non. Face à l'œuvre et au-delà de son apparence n'est-ce pas l'invitation à rencontrer l'homme qui suscite en nous le plus d'émotion ? Immatérialité de l'œuvre, qui outre le savoir-faire tangible, ne nous dira presque jamais les véritables intentions qui ont animé l'artiste lors de sa conception mais qui, inéluctablement, nous relie... Esprit de l'œuvre.